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Démarche * Processus * Engagement

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Mon travail est en prise directe avec le réel restitué de manière brute et haptique, mes films sont expérimentaux par leur forme et par une pratique plastique et scénographique à même la matière cinématographique du son, de l’image, de la mise en scène. Je travaille une écriture de montage horizontale et verticale, en profondeur dans la matière même. Je prends soin à mettre en scène ma propre subjectivité pour investir mon oeuvre de mises en perspective singulières. Ce processus me permet d’approcher d’autres subjectivités visibles et invisibles - humaines et/ou non-humaines et d’ouvrir un espace relationnel au public dont le positionnement est pour moi central dans l’expérience de l’oeuvre.

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Aujourd’hui, nous sommes saturés d’images qui véhiculent et imposent des formes de pensées, des émotions (tout le monde doit pleurer et/ou rire au même moment). Je cherche des moyens d'inventer des espaces de liberté avec le spectateur en réfléchissant avec lui quant à sa place, son rôle, son temps. Je privilégie dans ma pratique du cinéma, de l’art vidéo, de l’installation multi écran et de la performance, une subjectivité narrative délinéarisée. Spectatrice exigeante, le rôle que joue le public dans les œuvres me semble une question fondamentale. Je travaille dans ce sens en produisant des films, des installations délinéarisées, de l'art-action pour que la participation intelligente du spectateur soit centrale. Je conçois la diffusion d’une œuvre performance, film, installation comme la construction d’un espace privilégié d’échanges et de réflexions avec un public. Tout en travaillant avec l’audiovisuel, je construit des alternatives dans ma dynamique de création pour m’affranchir des hiérarchies et des relations d’autorité installées par les « médias de masse audiovisuels », pour le dire avec Peter Watkins.

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Mes films sont expérimentaux par leur forme et de par un travail à même la matière cinématographique (son ; image). J'ai recourt, en les confrontant, aux anciens comme aux nouveaux supports technologiques de création audiovisuelle, qu’ils soient argentiques, analogiques, numériques ou informatiques. Mon travail est très marqué par « le cinéma du réel » dans son rapport à la durée, au temps que l’on éprouve ; je cherche à mettre en scène ma subjectivité pour investir personnellement mon oeuvre. Nous sommes dans une période charnière ou beaucoup de supports audiovisuels coexistent (pellicule film, cassettes magnétiques, cassettes numériques, haute définition numérique). la La multiplicité des matières d'images qui en résulte donne une dimension infinie a la créativité dans ce mélange des supports avec le montage numérique. 

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Mon désir réside dans le déploiement d’une matière poétique du son, de l’image et des mots. Il cherche à explorer des topologies poreuses entre intériorité et extériorité, relatives et coprésentes. Il à a voir avec un devenir-flux des entre-deux deleuziens. De positions liminales. Mon désir est contemplation radicale en même temps que fulgurances singulières ; il est mue par une expérience sensible où les éléments naturels tour à tour permutent et s’incarnent, interagissent avec nos intériorité(s) relative(s). Un désir esthétique au service des forces et du lien, du temps et des mutations du regard, qui opère en transparence.

 

Je souhaite par mes oeuvres, proposer l’expérience d’un dialogue sensible et singulier. L’écoute de la poésie du vivant est centrale dans mon matériel-image et son de départ. Ma recherche d’une forme d’authenticité transforme et met en relation mon rapport à l’altérité. L’engagement de nos positionnements vis à vis des vivants - mais aussi des non-vivants - sont au coeur du déploiement de mon art. Autant d’aller-venues qui alimentent le processus de création, m’animent, produisent du sens et participent à l’émergence d’une écologie radicale. 

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Ma démarche est marginale car elle met en question un système hiérarchique présent à chaque stade : de la commande à la diffusion, en passant par la production et la réalisation (d'un film de cinéma ou de télévision). Ma démarche est libertaire, elle cherche à s'émanciper d'une relation autoritaire des producteurs, des réalisateurs sur le public et entre "gens du milieu". Je souhaite aménager des espaces pour le spectateur dans mes films pour qu'il soit libre de prendre du recul, libre de choisir de prendre ou de laisser, libre de choisir de partir ou de rester, libre d'amorcer sa réflexion sur ce qu'il voit et entend pendant la projection, libre de rêver, de s'endormir, de ne rien comprendre, sans saturer mes films d'émotions, de pathos, etc., libre de comprendre, de se questionner ...

Comment éviter de fabriquer des films à la manière de "pièges" qui nourrissent le système des MMAV (Médias de Masse Audio-Visuels) en place ? Aujourd'hui, les films commerciaux, les séries TV, les programmes et autres émissions sont construits comme autant de pièges. Une addiction se constitue entre le spectateur et l'objet audiovisuel (systèmes d'épisodes, émissions journalières, hebdomadaires, il est 20h : les foyers regardent le JT, etc.) autant de notions d'accoutumance, d'habitudes qui prennent le public au "piège". De plus avec l'utilisation de la "Monoforme", la standardisation des modes de consommation, des émotions, des relations humaines se retrouve amplifiée. A titre d'exemple, ma génération est littéralement happées par l'influence disproportionnée sur la vie du phénomène des séries. En plus d'être un « rendez-vous » quotidien ou hebdomadaire des programmes des chaines de TV, elles sont disponibles sur internet, etc. (on parle de "binge-watching") Les jeunes en particuliers deviennent dépendants de plusieurs séries à la fois sans forcément être conscient qu'en regardant ces codes normés en boucle, ils s'en imprègnent. Dans les collèges et les lycées, certains professeurs tendent à s'inquiéter de ce genre de phénomènes car beaucoup d'adolescents se retrouvent influencés par ces fictions puériles et larmoyantes, violentes et/ou fantastiques, promouvant des valeurs sexistes, violentes, anti-écologiques et consuméristes ... , entrainant une forme de déresponsabilisation face à la vie, à la réalité.

Ma réflexion sur  une éthique de l'audiovisuel prend son sens avec la réalisation de films alternatifs par leur forme. Le jour où j'ai su que j'allais réellement travailler avec l'audiovisuel, j'ai commencé des études de philosophie. Depuis le début, mon désir de faire des films est mu par la construction d'une pensée modelée par des concepts tels que la durée, le réel, l'éthique, l'esthétique le politique, etc. Le moment où j'ai découverts le travail de Peter Watkins a été pour moi une période charnière : j'étais étudiante en philosophie et je cherchais comment concilier éthique et réalisation audiovisuelle. J'ai rencontré sa pensée dans Media Crisis avant de découvrir son cinéma. J'ai été rassurée de voir qu'un cinéaste pouvait être conscient et engagé. Je me suis sentie moins seule et je me suis dis que je pourrais y arriver : être consciente du rôle des médias et de tout ce que la crise des médias implique, ne pas perdre de vue ma réflexion et agir en conséquence, avec une éthique, sans me sentir obligé de me fourvoyer en jouant le jeu des MMAV. Le travail de Peter Watkins a ouvert ma pensée et ma réflexion aux champs des possibles et des alternatives. Ainsi je cherche à aménager la projection de mes films de façon autonome afin de construire des espaces privilégiés d'échange et de réflexion avec le public. Aujourd'hui, je continue de pousser ma réflexion afin de comprendre les rouages de nos sociétés contemporaines dans leurs dépendances aux MMAV ; je travaille à construire un discours clair et structuré par rapport à ma position dans ce monde.

Depuis 10 ans je cherche comment proposer des méthodes d'enseignement aux médias pour les plus jeunes (primaire, secondaire) car ils sont de plus en plus noyés dans le flux lié au développement fulgurant des technologies. Je m'inspire des analyses, découpages, décodages de la Monoforme à travers un JT, ou autre émission de TV proposées par Peter Watkins tout en continuant de trouver de nouveaux outils. Comment développer ce type d'intervention et mettre en place une réflexion critique sur les MMAV dans l'enseignement ?

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Mon expression est mue par ma passion pour l’image, le corps, l’écologie et tout ce qui peut relier - dans des cartographie incessantes. Je suis engagée dans ma vie artistique depuis toujours au détriment d’avoir « un vrai travail » car j’oeuvre inlassablement à des agencements psychiques, organiques, métaphysiques à même la matière-image, et son,  à même mon corps et les mots. Ma vie est dévouée à l’art et à la poésie.

Mes références sont multiples, elles s’ancrent dans l’esthétique, la philosophie, la philosophie politique l’anthropologie, l’histoire de l’art, la littérature (américaine pour beaucoup), l’histoire des spiritualités et des religions, des civilisations, la préhistoire, la psychanalyse lacaniene, la poésie d’action, les féminismes, les rendez-vous de la vie.

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